L'exposition en images

Conexiones
au sesc pompeia, sao paulo
du 24/09 au 29/11/2009

les dossiers des graphistes : http://www.mostrasescdeartes.com.br/conexoes/

10 graphistes français et 10 graphistes brésiliens

David Poullard ; De Valence ; Fanette Mellier ; Frédéric Teschner ; Gregoire Romanet ; Helmo ; Lieux Communs ; Mathias Schweizer ; Pierre Perronet et Wijntje van Rooijen ; Trafik

Arterial ; BijaRi ; Crimes Tipográficos ; Cubículo ; Daniel Trench ; Elaine Ramos ; Grupo Piratininga ; Super Uber ; noz.art ; Ps2

Le projet d’exposer le graphisme français au Brésil est né en 2005 à l’occasion de l’Année du Brésil en France, avec l'expo BRASIL EM CARTAZ conçue par Rico Lins et présentée aux Silos, Maison du Livre et de l’Affiche. Des graphistes brésiliens ont été invités à séjourner en France, ont travaillé avec des étudiants et ont donné des conférences pour présenter leurs travaux et, plus généralement, l’histoire du graphisme au Brésil. Un catalogue, retraçant cette histoire, a été édité à cette occasion.
2009 : c’est au tour du Brésil de célébrer la France, et deux institutions de São Paulo accueillent des expositions que nous avons souhaité dédier au graphisme et à sa pratique auctoriale. Le SESC Sao Paulo, dans son projet de promotion de la culture contemporaine, a ouvert les portes du SESC Pompeia pour exposer non seulement les nouvelles scènes du graphisme français et brésilien dans l'exposition CONNEXIONS>CONEXÕES, mais aussi la série commémorative du 20e anniversaire du Festival de l’Affiche et du Graphisme, objet d'une Commande Publique auprès de 20 graphistes internationaux.
Pour compléter l'expérience, un espace documentation sera ouvert au public pour approfondir les contenus grâce à des publications et sites internet des deux pays. L'accès aux sites web du projet et à une interface qui invite le public à établir ses propres connexions entre les graphistes présents et accéder à d'autres de leurs projets, sera également proposé.

Grille et réseau se recoupent ici non seulement dans leur étymologie, mais aussi dans la topographie de ce nouveau territoire polycentrique où l’imaginaire collectif et l’éphémère se retrouvent et tissent de nouvelles utopies. Territorialité, pérennité, diversité, pluralité et identité sont les thèmes centraux de l’Année France-Brésil aussi bien que du design, qui pose la culture – et pas seulement le marché et la technologie – comme centre de gravité.
CONNEXIONS>CONEXÕES invite 10 graphistes ou collectifs de chaque pays à présenter leurs productions les plus récentes. Livres, affiches, site internet, signalétique, identités institutionnelles, brochures d’information, interventions dans l’espace public, dessin typographique, multimédia: aucun sujet, support ou technique n’est privilégié. Plus qu’au contenu, plus qu’au contenant, c'est la créativité mise en œuvre par ces professionnels en réponse à la commande qui leur est passée qui y est valorisée. Avec les expositions, les productions présentées et les interviews réalisées avec les graphistes invités, nous obtenons sinon une réponse précise, du moins une riche illustration de la définition du «graphisme d’auteur».

Parmi les graphistes choisis pour représenter la « nouvelle scène française », beaucoup ont été formés par des créateurs ayant positionné leur pratique dans le champ du graphisme d’utilité publique. S’ils travaillent tous, en grande majorité, pour les secteurs culturels, publics et sociaux, certaines entreprises ou organisations privées font progressivement appel à leurs compétences. L’échange entre Français et Brésiliens montre bien la difficulté à perdurer, pour cette pratique auctoriale du graphisme, dans un espace public colonisé par la publicité et ses images marchandes. Et pourtant leurs images existent car tous développent un langage et une recherche qui – tout en s’adaptant à la commande – ouvrent de nouvelles possibilités qui dépassent le projet initial pour mieux y répondre. C’est cette richesse et cette audace qui naissent du dialogue entre le graphiste, le commanditaire et le public, que nous avons souhaité mettre à l’honneur au Brésil à l’occasion de l’année de la France.
La pratique brésilienne s’exerce de façon diverse. Parce que les graphistes doivent la plus grande partie de leur production à l’initiative privée ou institutionnelle, le graphisme d’auteur ou d’utilité publique est, la plupart du temps, le résultat du positionnement individuel de son(ses) créateur(s). Les actions culturelles, publiques ou sociales sont en grande partie encouragées – ou même financées – par les créateurs eux-mêmes ou par des mécanismes d’aide via l’incitation fiscale. Ainsi, la difficulté d’insertion de cette pratique au quotidien du marché fait en sorte que l’existence du travail « d’auteur » soit le privilège, la plupart du temps, de professionnels débutants ou renommés. Les participants de cette exposition constituent des exceptions salutaires à cette règle et indiquent des nouvelles directions dans le marché.

En proposant de lancer un regard sur ce nouveau graphisme qui va au-delà du matériel imprimé et dialogue avec le numérique, l’espace public, le vernaculaire et l’art contemporain, l’exposition CONNEXIONS>CONEXÕES est fondamentalement participative. Au-delà de ses similitudes ou différences marquées, elle promeut le dialogue et l’échange d’expériences, en invitant le public à tisser les connexions entre ce qu’il voit à partir de sa propre expérience.
La variété est un point fort de l’exposition, et les connexions possibles entre des formes si diverses d’action dans le champ du design contemporain expriment des visions créatives et interrogatrices du monde. Dans un moment de convergence des médias et des disciplines, et d’énormes transformations dans la production, la distribution et la circulation des contenus, le design dépasse la limite du projet et se recrée en tant que procès, où le ludique, l’expérimental et l’ambigu sont source de valeur.
Lorsque la réflexion sur les conséquences de ce que l’on produit est plus qu’une nécessité, est un pacte, on ne peut pas agir autrement dans le projet scénographique de l’exposition. Tous les matériaux employés donc de faible impact sur l’environnement, et la structure de l’exposition a été entièrement conçue à partir de la réutilisation de matériels préexistants.

Christelle Kirchstetter + Rico Lins